Les guerres de Religion en France dans les imprimés de l’atelier colonais d’Hogenberg.
Quand la première traduction allemande des « Quarante tableaux » de Tortorel et Perrissin fut présentée à Francfort à la foire du livre de l’automne 1570, une œuvre concurrente existait déjà : en un laps de temps très court, l’officine de Franz Hogenberg en avait produit une édition pirate. La version d’Hogenberg était en petit format et pour cela à bas prix. De plus, l’atelier du graveur, imprimeur et éditeur Hogenberg, à Cologne, avait fait quelques changements qui soulignaient encore la valeur de la vente: toutes les images étaient gravées, la partie de textes était standardisée et la construction du cadre était plus claire; ainsi l’œuvre apparaissait plus homogène que son modèle genevois. Apparemment, la publication de l’atelier d’Hogenberg fut un succès car ce dernier présenta à la foire du livre de Francfort suivante une seconde édition élargie. En 1573, une troisième édition fut publiée, avec deux feuilles en addition qui ne faisaient pas partie des « Quarante tableaux ».
Il s’agit des feuilles « Le massacre de la Saint-Barthélemy et Le siège royal de La Rochelle ». Le portrait d’Henri III, que l’on trouve dans beaucoup d’albums d’Hogenberg, a été ajouté plus tard. Une première version avait été gravée d’après le portrait fameux d’Étienne Dumonstier.
Malgré ce succès apparent, l’officine ne poursuivit pas immédiatement la publication de nouveaux imprimés comme feuilles volantes durant les guerres en France. Entre 1573 et 1586, l’atelier imprima seulement une feuille; celle-ci (datée du 8 décembre 1576) montrait le comte palatin Jean Casimir avec ses troupes auxiliaires venir en aide aux protestants français. À partir de 1587, l’atelier reprit, et ce jusqu’à la fin de la guerre, survenue en 1598, la production des feuilles des guerres de Religion. Quarante imprimés furent ainsi publiés. Les copies des »Quarante tableaux« furent produites dans une phase décisive de l’officine, quand Hogenberg était encore en train d’établir le programme de son atelier. Mais les feuilles ne montrent pas une dépendance totale. Hogenberg développait son propre style en confrontation avec les « Quarante tableaux ».
(Voir l’excellent travail de recherche de ALEXANDRA SCHÄFER).