À cette édition de Kehl, un nom reste attaché, celui de son maître d’œuvre: Beaumarchais, qui la finança et l’anima.
Au moins cinq versions distinctes, en 70 ou 92 volumes, furent publiées entre 1784 et 1789, d’innombrables prospectus d’annonce et de relance diffusés à travers l’Europe entière.
Achat de fabriques de papier; location du fort de Kehl pour échapper à la censure en vigueur en France; installation de dizaines de presses sur le site; acquisition des matrices du fameux Baskerville et fonte spéciale de centaines de tonnes de caractères; impression de millions de feuilles, reliure et diffusion de dizaines de milliers de volumes, livrés à mesure aux souscripteurs et au public: tâche énorme, jugée trop lourde par Panckoucke, le plus grand éditeur de l’époque, et que reprit donc l’infatigable Beaumarchais, en déléguant la direction éditoriale à Condorcet, secondé par Decroix, par Ruault et par toute une équipe de copistes et de rédacteurs, d’administrateurs et de gérants.
Peu de réalisations franco-allemandes ont connu, dans l’Europe entière, un tel retentissement:
L’édition de Kehl, une aventure extraordinaire.