L’alimentation en eau à Versailles
La création du canal de l’Eure est décidée en 1684 afin de remédier à un manque d’eau à Versailles, la Machine de Marly ne permettant pas d’alimenter suffisamment les jets d’eaux du château. Les tentatives de prélèvements d’eau dans les sources locales et les projets de Pierre-Paul Riquet en 1674 et des frères Francine en 1678 pour détourner la Loire et l’Essonne restant infructueux, Louis XIV et Louvois décident de détourner les eaux de l’Eure, coulant à 80 kilomètres de Versailles. En 1684, Monsieur de la Hire, de l’Académie des Sciences, est chargé d’effectuer les relevés de l’Eure qui confirment, qu’au niveau de Pontgouin, le cours de la rivière se situe à 80 pieds au-dessus des bassins de Versailles.
Le projet de Vauban et ses collaborateurs
Vauban est nommé par Louis XIV et Louvois pour réaliser ce projet. Assisté par Jean de Mesgrigny, Isaac Robelin, Simon Vollant, Daugecourt et Parisot, il présente en 1685 le projet du canal de Maintenon. Il conçoit un canal de 14 mètres de large sur 2,5 mètres de profondeur, avec une pente de 15 centimètres au kilomètre, comprenant différentes zones. Il propose que celui-ci soit, selon les situations, tantôt une tranchée ouverte, tantôt un conduit souterrain en maçonnerie ou en tuyau de fer qu’il appelle « aqueduc rampant » (ouvrage au sol formant un siphon qui utilise le principe des vases communicants pour le passage des deux vallées). Le vallon de l’Eure à Maintenon est l’un des principaux obstacles sur ce tracé. Pour le franchir, le roi et Louvois souhaitent un ouvrage d’art spectaculaire rappelant l’Antiquité romaine. Le projet de Vauban consiste en la construction d’un aqueduc de 955 mètres à trois niveaux d’arcades au centre. Le premier niveau comporte des arcades de 28,50 mètres de haut. Le dernier niveau à 47 arcades permet le passage de l’eau dans des conduites forcées de fer. Il est relié à la terre ferme par des siphons et des talus. Le cours de l’Eure est régularisé par la construction de nombreux ouvrages hydrauliques.
Un chantier non-abouti
Commencé en 1685, le chantier est interrompu pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg qui entraîne des difficultés financières dans tout le pays. De plus, les épidémies n’ont épargné ni les soldats, ni la population civile qui ont travaillé sur le chantier. Seul le premier niveau de l’aqueduc est alors réalisé. Les conduites forcées n’ont jamais été posées. Le canal devient rapidement la cible des habitants qui pillent les matériaux. Le roi fait cadeau de cet aqueduc inachevé à Mme de Maintenon, son épouse depuis 1683 qui peut l’apercevoir traversant le parc de son château. D’autres projets sont dessinés au XVIIIe siècle pour achever le canal, mais ne seront jamais réalisés.
État actuel
L’aqueduc de Maintenon est aujourd’hui en ruines. En plusieurs points, le fond des arcades s’est écroulé et seuls les murs des flancs sont encore en place. Une association a entrepris de le restaurer et de le préserver. C’est l’un des rares ouvrages hydrauliques construits par Vauban qui soit encore conservé.
Orientation bibliographique
Histoire du Canal Louis XIV de Pontgouin à Maintenon, 2006. PINON (P.), Canaux, rivières des hommes, Paris, 1995. PINON (P.), « Les canaux de navigation et l’aqueduc de Maintenon » in Vauban, Bâtisseur du Roi-Soleil, Paris, 2007, p.207-213. LE ROI (J.-A.), Des eaux de Versailles considérées dans leurs rapports historiques et hygiéniques, Versailles, 1847, p. 20, 29, 175. MORERA (R.), « Le maître des Rives du Royaume » in Historia, n°106, Paris, 2007, p.46-52. SARMANT (T.), Les demeures du soleil, Seyssel, 2004, p. 141-148 et 208-217.
Alexis-Hubert Jaillot
Alexis-Hubert Jaillot (1632-1712) est un ingénieur géographe et cartographe français, imprimeur à Paris, de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle, au service du roi Louis XIV. « Les plus grandes cartes du 17ème siècle ».
Il publie de nombreux travaux de géographes contemporains ainsi que ses propres œuvres.
Atlas françois, Jaillot, 1692-1695, compilation des cartes de Nicolas Sanson (cartographe), Édité à Paris et à Amsterdam chez R et J Ottens
Son travail sera continué par son fils, Bernard Jean Hyacinthe Jaillot (1673-1739), son petit-fils, Bernard Antoine Jaillot, ainsi que le beau-frère de celui-ci, Jean Baptiste-Michel Renou de Chauvigné dit Jaillot (1710-1780).
Carte dressée à Paris chez Jaillot éditeur double in-plano.