Au début du dix-septième siècle, Amsterdam est en train de devenir l’une des villes les plus commerçantes d’Europe, base de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, centre bancaire européen et du commerce du diamant. Ses habitants se distinguaient par leurs compétences intellectuelles et leur savoir-faire exceptionnel.
En cette période propice de l’histoire des provinces du Nord, Willem Janszoon Blaeu, né à Alkmaar en 1571 est formé à l’astronomie et aux sciences par Tycho Brahe, le célèbre astronome danois qui fonda une entreprise à Amsterdam en 1599 de fabrication de globes et d’instruments scientifiques. L’entreprise ne tarde pas à prendre de l’expansion, publiant des cartes, des ouvrages topographiques, des livres de cartes marines et des collections de globes. Ses premiers travaux les plus remarquables sont une carte de la Hollande (1604), une belle carte du monde (1605-06) et Het Licht der Zeevaerdt (La lumière de la navigation), un atlas marin.Au même moment, Blaeu préparait un atlas majeur destiné à inclure les cartes les plus récentes de l’ensemble du monde connu, mais la progression d’un si vaste projet reste lente, malgré l’achat onéreux de 40 cuivres de cartes de l’édition de Mercator ainsi que le fond de cuivre de la publication de cartes de Jodocus Hondius. En 1630, un volume de 60 cartes portant le titre Atlantis Annex fut publié. Cinq années se sont écoulées avant la publication des deux premiers volumes de son atlas mondial, Atlas Novus ou le Theatrum Orbis Terrarum. À la même époque, Blaeu fut nommé hydrographe de la Compagnie des Indes orientales.
En 1638, Blaeu mourut et l’entreprise passa aux mains de ses fils, Joan et Cornelis, qui poursuivirent et élargirent les ambitieux projets de leur père. Après la mort de Cornelis, Joan dirigea l’entreprise seul et une collection de cartes en 6 volumes fut finalement achevée vers 1655. La préparation d’une collection encore plus grande, Atlas Major, vit le jour et fut publié en 1662 en 9 volumes puis 11 volumes et enfin 12 volumes pour l’édition avec texte français. Cette collection réunissait près de 600 cartes double page et 3000 textes explicatifs au verso des cartes. C’était et reste l’œuvre la plus magnifique jamais réalisée en son genre; son contenu géographique n’était peut-être pas aussi à jour ni aussi exact que son auteur l’aurait souhaité, mais toute carence dans cette direction était plus que compensée par la finesse des gravures et leurs coloration, les cartouches élaborés, les détails picturaux et héraldiques en particulier et la splendide calligraphie. En 1672, un incendie détruisit l’imprimerie de Blaeu dans la Gravenstraat et un an après, Joan Blaeu décéda. Les stocks de cartes restants furent progressivement dispersés. Certains des cuivres d’impression ont été achetés par les cartographes, F. de Wit, Schenk et Valck, avant la fermeture définitive vers 1695.Il convient de mentionner ici qu’il existe souvent une confusion entre l’aîné Blaeu et son rival Jan Jansson (Johannes Janssonius). Jusqu’en 1619, Blaeu signa souvent ses œuvres Guilielmus Janssonius ou Willems Jans Zoon, mais après cette période, il semble avoir opté pour Guilielmus ou G. Blaeu.
Johannes Janssonius, plus connu sous le nom de Jan Jansson, est né à Arnhem, où son père était libraire et éditeur (Jan Janszoon the Elder).
En 1612, il épousa la fille du cartographe et éditeur Jodocus Hondius, puis s’installa à Amsterdam en tant qu’éditeur de livres. En 1616, il publie ses premières cartes de France et d’Italie et produit à partir de ce moment un très grand nombre de cartes, tout à fait comparables à celles de la famille Blaeu, car très proches en quantité et en qualité.
De 1630 à 1638 environ, il s’associa à son beau-frère, Henricus Hondius, et publia de nouvelles éditions des atlas Mercator / Hondius auxquels il fut associé. À la mort de Henricus, il reprit l’entreprise, élargissant encore l’édition de cartes jusqu’à ce qu’il publie finalement un Atlas Major en 11 volumes à une échelle similaire à celle de l’Atlas Major de Blaeu.
En général, les cartes de Jansson ressemblent beaucoup à celles de Blaeu et, en fait, elles en ont souvent été copiées, mais elles ont tendance à être plus flamboyantes et, selon certains, plus décoratives.